Le Veneur des Sorcières by Steven B Fischer

Le Veneur des Sorcières by Steven B Fischer

Auteur:Steven B Fischer
La langue: fra
Format: epub, mobi
Publié: 2023-07-05T14:11:29+00:00


CHAPITRE HUIT

Une étrange nostalgie saisit le Colonel dès qu’il aperçut la digue de Providence. Étrange, aussi, de songer qu’il avait autrefois été responsable des armes qui y étaient installées et des soldats qui se tenaient derrière elles. Même maintenant, des années après, il se souvenait de chaque mètre et de chaque portion de muraille, de chaque chemin de ronde labyrinthique abrité par ces murs.

Il n’en serait que plus compétent à les détruire.

— Tu dois comprendre, dit-il presque tendrement au prisonnier qui l’accompagnait. Personnellement, je n’ai rien contre toi et tes camarades. Ce qui me pose problème, c’est ce que vous représentez.

Le soldat Cadien couché dans la boue tentait de ramper pour s’éloigner de lui.

Le jeune homme n’était qu’un soldat de première classe, à peine assez âgé pour avoir besoin de se raser. Il geignit quand le Colonel posa une botte empâtée de boue sur ses côtes brisées, puis y porta tout son poids. Le craquement fut atroce.

— Chut, gronda le sergent Gross pour faire taire le cri du malheureux.

Le soldat reprit son souffle dans un gargouillis, et parvint enfin à souffler les mots qu’il gardait dans la bouche.

— Allez en enfer. L’Empereur protège.

Le sergent leva la crosse de son arme, mais le Colonel l’arrêta d’un geste. Il reposa son pied dans la flaque d’eau de mer luisante comme de l’huile dans laquelle baignait le soldat.

— Oh, je l’ai cru, moi aussi, il y a longtemps. Mais j’ai appris de mes erreurs. On ne peut pas dire que l’Empereur vous a bien protégé, toi et ton escouade, si ?

Le Colonel se pencha et saisit le soldat par le col de son uniforme, puis lui tordit le cou pour l’obliger à voir les huit cadavres d’hommes et de femmes étendus sur le flanc de la petite butte.

— Et il n’a pris la peine de protéger le monde où tu es né, non plus.

La sorcière qui se tenait derrière lui faisait les cent pas, comme un animal en cage. Elle prenait soin de rester à bonne distance du Colonel et de son dernier prisonnier survivant. Le Colonel lui avait offert l’occasion de faire parler les soldats blessés de l’escouade Cadienne, mais elle les avait rendus fous avant qu’ils puissent donner de véritables informations. Le Colonel s’en était donc remis à des méthodes plus traditionnelles. Que la sorcière reste avec ses voix et ses visions, lui, n’avait besoin que d’une semelle pour délier les langues.

Dès que le soldat vit la sorcière, il leva son bras cassé et voulut faire le signe de l’aquila. Il échoua lamentablement.

— Ne t’occupe pas d’elle, lui ordonna le Colonel. Ses dieux mesquins ne te prêtent pas plus d’attention que ton Empereur. Maintenant, montre-moi où se trouve l’accès dérobé qui débouche sur les couloirs de service.

C’était le problème avec les dieux, qu’ils soient d’ombre ou de lumière. Le Colonel ne mettait pas en doute leur existence, mais leur intérêt pour les créatures futiles et mortelles qu’ils appelaient leurs serviteurs. Du sang pour le Trône du Sang. Le Changement pour Tzeentch.



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